Au delà des illusions
Au delà des illusions
Je passe beaucoup de temps avec mes amies. Généralement, après une journée de shopping on se détend dans un café et parle des nouvelles sorties tendances, vêtements, maquillages, coiffures, téléphones. Des choses illusoires et surtout imperceptibles pour moi, c'est pour ça que la plupart du temps je les écoute seulement et souris de temps en temps. Je suis née dans l'ombre, n'ai jamais vu le jour, ni la nuit, ni aucune couleurs. Alors la mode, j'avoue ne pas comprendre. Pourtant, ces choses semblent tellement importantes pour elles.
- Regardez les filles je me suis achetée cette robe rouge !
- Le rouge... c'est la couleur du sang non...? Plutôt étrange comme idée.
- Euh ...
Les couleurs je ne les conçois pas, je les associe. On m'a dit que le sang était rouge, que le ciel était bleu, l'herbe verte, mais qu'importe, ce n'est pas mon monde. Ma mère a longtemps cherché à me créer un monde à travers ses yeux. Me décrivant les couleurs des paysages, des différents objets. En vain, je suis plutôt têtu comme fille. Mon monde me convient, je ne veux pas savoir quel est le leur. L'importance qu'ils apportent au visuel les nuit. Combien d'amies m'ont dit qu'elles s'étaient fait plaquer et qu'elles avaient le cœur brisées parce qu'elles étaient trop grosses et laides. Quand j'y pense je ne sais même pas si je suis "belle".
- Et bien moi je me suis achetée un vernis à ongle noir.
- Ah ouai ! J'en voulais ! Ça rocks ça !
Le noir, ma mère m'en avait parlé quand j'étais petite. Et j'ai tout de suite perçu ce que c'était. " On ne considère pas le noir comme une couleur en fait. Le blanc comme je t'ai expliqué, est obtenu par l'addition des trois couleurs primaires, le rouge, le vert, et le bleu. Et bien le noir c'est par l'absence des trois couleurs, une synthèse soustractive. Pour faire simple car moi, je vois tes yeux s'écarquiller, le noir est l'absence absolu de lumière, et donc de couleur." Mon monde. Un monde où il n'y a pas de robe rouge, de ciel bleu et d'herbe verte. Un monde infini, que je peux façonner comme je le souhaite. C'est l'ultime liberté.
Je perçois d'autres choses. Je vis dans cette absence de couleur, dans ce néant comme ils disent, mais je ne suis pas aveuglée par d'autres facteurs. En quoi le mien était un fardeau à porter ? En quoi ma vision n'était pas la bonne ?
Aucune barrière, aucune limite, le Noir. On dit que le noir est la couleur du deuil, du désespoir de la tristesse et de la dépression, mais moi, mon noir, est source de vie. Par le toucher, l'ouïe je perçois les choses et les imagine, mais je peux tout me permettre j'ai une perception infini. Je ne vis pas dans un monde imaginaire, je vis dans mon monde. Et même si les autres ne comprennent pas cette vie, je suis bornée, je veux vivre.